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INVESTIR DANS UN OUTIL DE TRANSFORMATION COLLECTIF

Gilles Desgrousilliers est éleveur en Gaec à Canlers (Pas-de-Calais), où il produit 750 000 l de lait. Il entame sa deuxième campagne à la présidence de la Prospérité Fermière. La deuxième coopérative du bassin Nord- Picardie (après Sodiaal) collecte 376 millions de litres et transforme un total de 550 Ml, selon un mix-produits : 90 % d'ingrédients laitiers (poudres maigre et grasse, protéines, produits de santé) et 10 % de lait de consommation. Un tiers de son chiffre d'affaires (420 M€) est ré

Après avoir acté la construction d'une nouvelle tour de séchage en interne, la Prospérité Fermière lance une réflexion pour la création d'une seconde tour, commune aux coopératives du bassin Nord-Picardie

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Quelle est la stratégie de la Prospérité Fermière dans la perspective de la libéralisation des quotas ?

Gilles Desgrousilliers : Depuis le 1er avril, pour protéger la valorisation de notre mix-produits, nous avons mis en place un système de double volume-double prix : 100 % du quota, figé au 31 mars 2012, sera valorisé en quota A et les volumes supplémentaires, c'est-à-dire les allocations de fin de campagne et 1 % d'attribution européenne, seront payés à un prix B correspondant à la valorisation en poudre 26 %. Après 2015, une enquête auprès des adhérents révèle une perspective d'augmentation de la production de 15 %. Or, notre outil industriel est saturé. Si nous voulons respecter les règles d'apport total, nous ne pourrons pas traiter ces volumes et honorer les contrats de séchage passés avec les collecteurs de la région. C'est pourquoi nous avons décidé d'investir 30 M€ dans une cinquième tour de séchage, opérationnelle fin 2013.

Le marché de la poudre permettra-t-il un niveau de rémunération viable pour les éleveurs ?

G.D. : Cette nouvelle tour est dédiée à la transformation de 65 Ml en produits à forte valeur ajoutée, tels que les poudres enrichies en protéines (70, 85 et 95 %), sur lesquelles nous avons une avance concurrentielle, car nous sommes positionnés depuis dix ans sur ces produits spécifiques à travers un budget R & D de 4 M€/an. Cet investissement est destiné à développer nos marchés sur des débouchés moins volatils, aussi bien en France, où le marché des PGC est saturé, qu'à l'export grâce à une équipe commerciale présente aux États-Unis, au Canada et à Singapour. Avec l'augmentation de notre collecte à venir et les apports des coopératives VPM et Laitnaa (30 Ml et 15 Ml), l'approvisionnement de cette tour est déjà assuré. C'est pourquoi nous souhaitons étudier la faisabilité d'une seconde tour pour centraliser l'ensemble des volumes supplémentaires, collectés à l'échelle du bassin Nord-Picardie.

La stratégie de la Prospérité Fermière est pensée à l'échelle du bassin ?

G.D. : La Prospérité Fermière transforme déjà 175 Ml issus de coopératives, de GIE ou de privés comme Danone, présents en Nord- Picardie. Or, sur ce territoire, tous les outils de séchage sont saturés et le lait de consommation est devenu une valorisation banalisée dans un marché français lui aussi saturé. Il y a donc de la place pour une seconde tour de séchage ! Positionnée sur de la poudre classique, elle permettrait de répondre aux opportunités du marché de l'export et ainsi à chaque éleveur, quelle que soit son entreprise de collecte, de développer sa production après 2015 sur la base d'un prix différencié. À ce titre, notre site industriel de Saint-Pol-sur-Ternoise a des possibilités d'extension qui permettraient à l'avenir de traiter 1 milliard de litres. Mais assurer le remplissage d'une tour doit se réfléchir à l'échelle du bassin. Nous avons donc initié une réflexion au sein de France Nord, déclinaison régionale de la FNCL, visant à étudier la faisabilité d'un investissement commun. Dans un second temps, les groupements de producteurs et les GIE pourront intégrer cette réflexion afin de mettre en place une politique de gestion des volumes supplémentaires où l'interprofession serait un outil de cohésion territoriale.

Pourquoi avoir choisi un travail collectif qui tranche dans le paysage laitier ?

G.D. : Les enquêtes concernant l'après quotas ont été réalisées dans un contexte de prix favorable et doivent être analysées avec prudence, car le risque de décrochage de la production existe. Il est donc dans l‘intérêt de tous de maintenir un environnement laitier dynamique. En outre, le conseil d'administration, renouvelé et rajeuni, a la volonté d'harmoniser les conditions offertes à chaque éleveur du territoire après 2015.

PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÔME PEZON

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